CES ERREURS QUI FONT ECHOUER LE PROCESSUS DE GESTION DES INONDATIONS
Malgré certaines dispositions prises et qui tournent essentiellement autour des opérations de pompage des zones touchées, les populations victimes des inondations ne pensent pas retourner à leurs habitations la semaine prochaine. Lors d’une visite effectuée dans les sites inondés et certaines maisons et centres accueillant des sinistrés, le discours est le même, « il n’est pas encore possible de se réinstaller dans nos maisons car beaucoup de dispositions restent encore à parfaire pour que ces maisons puissent nous accueillir sans aucun risque ». Et pourtant les opérations de pompage se poursuivent encore sur les sites comme « Khakhoum », mais sans effet majeur. Lors de sa dernière visite aux sites de la commune de Kaolack ces semaines passées, le Ministre de l’Eau et de l’Assainissement annonçait en effet aux personnes qui l’avaient suivi ce jour-là que les informations météorologiques africaines avaient déjà annoncé la couleur de ce présent hivernage dès le mois d’Avril dernier. Et que ces informations indiquaient l’abondance des précipitations cette année non pas au Sénégal uniquement, mais sur l’ensemble des pays et l’on pouvait s’attendre à une quantité élevée d’eau dans nos pays. Des informations certes utiles, mais qui ont semblé passer sur l’oreille d’un sourd. Car aucune mesure de prévention n’a été prise en amont pour pallier à la situation, autrement dit, se préparer en conséquence en mettant en place des stratégies refusant une éventuelle présence des eaux sur les périmètres d’habitation. Dans la commune de Kaolack, on savait déjà que le programme entamé par l’Etat pour une enveloppe de 15 Milliards de frs n’est pas encore terminé. Les sites qui accueillent chaque année les inondations n’ont guère été préparés par rapport à ces prévisions et bon nombre de citoyens se posent aujourd’hui la question de savoir si ces informations de la météo avaient bien circulé dans la cour des acteurs. Hier sur le site de « Khakhoum » les équipes chargées du pompage des eaux vaquaient toujours à leurs occupations. Les machines fonctionnaient à merveilles. Comme si elles ignoraient encore que le site où cette eau pompée de « Khakhoum » avait déjà fait le plein et toutes les surfaces qui gravitent autour de ce périmètre communément appelé « Bande d’Aouzou » pataugeait. Mais le problème le plus aberrant dans cette histoire, est que la plupart des canaux devant conduire cette eau à la destination voulue n’ont pas été curés avant. Le peu de canaux qui ont accueilli ces opérations de curage sont des canaux à ciel ouvert. Les débris ou autres ordures ayant été tirés de ces conduites n’ont pas été ramassés et portés loin des canaux. Et par conséquent, toutes ces saletés se sont retrouvées là où elles étaient enlevées lors des premières pluies. Aujourd’hui en voulant forcer ces vieilles infrastructures à conduire ces énormes quantités d’eau au site de la « Bande d’Aouzou », on a fini par créer d’autres désagréments aux populations car l’eau déborde souvent à certains niveaux et finit sa course dans les concessions.
LES PARCELLES ASSAINIES, UN QUARTIER LÔTI ET OCCUPE SANS PLAN D’ASSAINISSEMENT
Faisant aussi partie des sites de Kaolack, les plus vulnérables en termes d’inondation, les parcelles assainies, quartier situé à l’entrée de la ville de Kaolack et crée bientôt quatre (4) décennies abrite aujourd’hui plusieurs centaines de familles. Mais n’a jamais bénéficié d’un quelconque programme d’aménagement d’un réseau d’assainissement public. Entre les différentes concessions établies et les ruelles naturellement tracées, il n’existe aucun canal ou autre voie de conduite des eaux usées ou pluviales vers la mer ou un autre site d’évacuation. Les populations sont toujours laissées à elles-mêmes et se trouvent dés fois dans l’obligation de se cotiser à raison de 50.000 Frs par famille pour se payer un camion de gravats qu’elles étalent entre leurs maisons pour se frayer un passage. Pourtant ce quartier était inscrit sur la liste des sites visités par le ministre de l’Eau et de l’Assainissement, mais jamais cette question n’a été soulevée. La seule instruction donnée était plutôt relativement à la désobstruction des points de drainage situés en dessus de la nationale pour évacuer pas toutes les quantités d’eau stagnantes existant dans le quartier, mais seulement celles qui peuvent passer.
DEFAUT DE REPERAGE ET UTILISATION D’UNE PARTIE DE L’ANCIEN RESEAU DE DRAINAGE DES EAUX FAGOCYTE PAR L’OCCUPATION ANACHIQUE DE LA VOIE
La problématique des inondations de Kaolack, depuis plusieurs décennies revient chaque année. Elle constitue en effet l’un des maux les plus pénibles pour une catégorie de population, mais aussi une source de revendication permanente, et un motif de multiples promesses que l’autorité ne cesse de porter en direction des défavorisés. Les sinistrés que nous avons l’opportunité de visiter hier ont constamment revenu sur cet état de fait. La plupart d’entre eux n’ont donné aucun crédit au programme de gestion et traitement des eaux pluviales que l’Etat du Sénégal compte terminer en Mars prochain. La raison ! ce programme qui possède aujourd’hui un taux d’exécution de ses travaux qui dépasse largement le cap de 50 %, n’a aucun impact sur la situation disent-ils. Les ouvrages sont là, mais les concessions qui les ceinturent sont toujours remplies. Et à chaque fois qu’il pleut, ces eaux augmentent leur niveau de stagnation. Comme si les équipes en charge de la réalisation de ce programme et les personnes qui leur ont confié cette mission, oublient que la commune de Kaolack dispose déjà d’un réseau de drainage des eaux pluviales qui, dans le passé jalonnait toutes les grandes artères en ville comme dans le reste des quartiers populaires. En milieu des années 70, ce réseau fonctionnait à merveilles dans la commune et grâce à lui, Kaolack n’a jamais enregistré un seul cas d’inondation. Et pourtant ce réseau existait pendant les moments où cette ville et cette région enregistraient les plus importantes précipitations de son histoire avec en moyenne 500 mm par an. En début des années 80, au moment où l’occupation anarchique de la voie publique commençait à faire ses effets, ces caniveaux ont commencé à disparaître. La plupart d’entre eux ont été tout bonnement enterrés. Les personnes qui étaient en course effrénée contre une petite espace de terre à occuper, pour un garage, une boutique ou un kiosque ont surtout été à l’origine de cette destruction massive. Présentement au niveau de certains points de la ville, on peut apercevoir encore quelques rares canaux qui se sont échappés à ces faits, mais qui se trouvent visiblement confrontés à un autre mal, celui de servir à des dépotoirs d’ordures aux nombreuses populations habitant leurs environs.