Chanteur : Aa khou kha khou”
La foule en chœur : ”sa yaye dafa waga”
Chanteur : ”tierei bop ngoot peung”
La foule : sa yaye moko done seniou”
C’est la cérémonie des circoncis ou le grand ”kassac des ndioulis”.
Derrière un grand feu, une foule, où tout autour se trouvent les dioulis assis, leur guide ou ”selbé”, les chanteurs et les batteurs.
Le kassac est réputé pour son ambiance et ses chants qui sont certes quelques fois vulgaires mais sans nulle autre intention que de divertir dans une atmosphère détendue.
C’est une sorte de thérapie amusante pour les circoncis, où souvent le charme se trouve dans la plaisanterie entre le chanteur et la foule en complicité avec les batteurs.
Un ensemble qui se fait entendre dans un rythme cadencé emporté loin par le vent par ces chants :
Chanteur : ”ndiouli ndiaye selbé diop nelen amineuh”
Public : amineuh
Chanteur : ”ndiouli ndiaye selbé diop neh leen amine”
Public : amineuh…
(Les ndioulis dansent autour du feu, baton à la main)
Il n’y a pas de kassac sans circoncision mais il peut y avoir circoncision sans kassac.
La circoncision est une étape obligatoire pour tout homme par ici.
D’habitude on fait circoncire plusieurs enfants en même temps dans les grandes familles ou s’il existe des enfants de même génération sous un toit ils se font circoncire tous à la fois et le feu du kassac sera encore plus grand.
Si c’est à Mbour on parlerait de ”leeul” pour désigner la cour des circoncis et de ”selbé” pour faire référence au guide et la cérémonie serait autrement.
On comprend qu’en dehors de tout aspect religieux il y a un rituel.
Durant la période de convalescence, car la plaie cicatrise vite et en général la cicatrisation complète nécessite deux à quatre semaines avec des soins locaux pendant quelques jours, les ndioulis portent des tuniques. Très Souvent ils mettent des habits en noir ou en blanc des sortes de tuniques trois quarts avec sur la tête des bonnets au bout pointu assortis de la même couleur, le cou auréolé du gland découvert du pénis ourlé dans un morceau de tissu qui sera plus tard enterré, et tenant à la main un bâton.
De fait, habillés de la sorte, ils ne seront ni gênés ni irrités et la plaie guérira plus vite.
Ils porteront les mêmes vêtements toute la période et par mesure d’hygiène on en confectionne deux ou trois qui serviront d’habits de rechange. Le jour où nos petits hommes en devenir seront totalement rétablis, la plaie cicatrisée, ce même jour ils partent en compagnie d’un aîné appelé selbé (guide)de maison en maison pour quelques pièces du riz etc qui serviront à préparer leur repas du jour et préparer le kassac qui se fera au cours de cette semaine où selon le choix des parents.
Cette pratique d’après la coutume les protégerait. Au lendemain ils devront enlever les vêtements pour seulement les remettre au soir du kassac, la nuit qui marque la fin de cette étape cruciale de leur vie d’homme.
Une belle soirée souvent sous un ciel étoilé avec les battements de tam-tam qui ne laissent par indifférent le feu attisé par le rythme. Dans l’harmonie,les chants, la danse, le rire, la souffrance des ndioulis se termine en beauté couronnée d’émotions fortes.
Il n’est cependant pas dit que cela se passe exactement de la même manière partout au Sénégal, car chaque localité a ses réalités et sa façon de célébrer. Chez les ”leebou” par exemple ils font circoncire à la naissance. Chez la plupart ils attendent que l’homme soit capable de différencier le bien du mal pour le faire et ce parce qu’ils veulent que de cette douleur il s’en souvienne et s’en rappelle toujours afin que cela lui forge un caractère d’homme fort et courageux.
En admettant la chance des jeunes de nos jours qui le font sous anesthésie contrairement aux temps où il n’y avait pas une telle opportunité.
Aujourd’hui le kassac se fait rare et tend à disparaitre mais à Saint-Louis à Mbour il en existe toujours, et surtout dans le sud du pays.
✍️Par Layssa Mbaye