Médias, réseaux sociaux, et dépravation de la jeunesse : chronologie d’une décadence préméditée. ( Babacar Touré)

” Scandale à la cité Mixta”, ” le site pornographique de Rangou démantelé par la DIC “, les titres de vidéos salaces s’enchaînent sur les réseaux sociaux. Sur Youtube et Instagram, on se délecte de ” Maîtresse d’un homme marié” de ” Moeurs” légères ou ” d’Infidéles” , des productions qui vulgarisent concubinage, prostitution, tabagisme et autres vices. Des mineurs, et de téméraires bimbos à la recherche du gain facile, ont été mis sous les feux des projecteurs, livrés à la vindicte populaire, chacun y allant avec prêches, conseils ou remontrances, comme si cette situation n’était pas prévisible, comme ci celà n’était le fruit d’un long processus de dépravation dans lequel les médias qui la dénonce aujourd’hui ont joué un rôle de vulgarisation sans précédent. Un pays comme le Sénégal n’a t- il pas trop tôt joué au libéralisme audiovisuel au lieu de serrer le vis comme la Chine ? L’absence de modèle familial défini par rapport au contexte actuel est- il à déplorer ? Où la réforme en profondeur du Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel  ( CNRA) peut elle être la panacée ? Autant d’interrogations qui pourront plus ou moins éclairer notre lanterne par rapport à la question.

Contrairement au Sénégal où la boîte à pandores a été ouverte avec la prolifération des sites et chaînes de télés sans contrôle, la Chine a l’appareil de censure le plus perfectionné au monde. Les médias tant étatiques que privés sont placés sous la surveillance des autorités, et ceux qui ne suivent pas les directives sont suspendus ou autrement pénalisés, d’après des articles de presse. Depuis 2017, aucun site Web ni réseau social ne peut fournir un service d’informations sur Internet sans l’autorisation de l’Administration du Cyberespace de Chine. L’accès aux moteurs de recherche, aux sites Web et aux plateformes de réseaux sociaux est bloqué aux internautes par la « Grande Muraille pare-feu » de Chine. En mars 2018, le ministère de l’Industrie et des Technologies de l’Information a annoncé de nouveaux règlements interdisant les RPE non autorisés, sur lesquels comptent les internautes pour contourner le pare-feu. Les autorités surveillent les réseaux sociaux internes à l’aide de programmes de surveillance et de professionnels spécialement formés à cette tâche. Les plateformes de réseaux sociaux étrangères telles que Twitter, Facebook et YouTube sont interdites ; elles sont accessibles via des RPE, mais les opérations de censure ont été étendues jusqu’à inclure des visites de porte-à-porte pour ordonner aux gens d’effacer leurs tweets, d’après le Washington Post. Les journalistes internationaux travaillant en Chine doivent composer avec une surveillance tant numérique qu’humaine et s’attendre à des retards dans l’octroi des visas sinon à des refus. L’administration d’Etat de la radio, des films et de la télévision (SARFT) est l’organe qui supervise l’industrie télévisuelle à travers toute la Chine et exerce un contrôle direct sur la station centrale : China Central Television (CCTV).

Pourtant en 2015, lors de la remise du rapport de la CNRA, son président de l’époque Babacar Touré tirait sur la sonnette d’alarme. Sans codes culturels et sans projet de transmission, la société serait moins qu’une jungle. Oui, parce que la puissance de la télévision numérique rend urgente la prise des mesures, tant dans les espaces privés familiaux que dans l’espace public. La télévision est devenue mieux un troisième éducateur au sein de la famille. Une transformation anthropologique de fait qui ne saurait souffrir une passivité coupable. Sans prophétiser le chagrin, il est juste de poser le constat des pratiques médiatiques mortifères. La télévision est au premier rang des artificiers qui tirent des charges violentes et inconsidérées, contre les communautés culturelles et les identités.

Même si les réalisateurs sont de bonne foi dans leur scénarios en partant du principe que le cinéma est là pour montrer la vie de la société sénégalaise et non donner des leçons, toutefois dans cette définition du pourquoi faire du cinéma, l’arborescence culturel du Sénégal ne s’y adopte pas. l’Homo senegalensis a tendance à recycler ce qui se fait en cachette à grande échelle pour l’exposer sur le petit écran. Pour rappel, un reportage filmé de SeneNews sur la prostitution déguisée sur les réseaux sociaux via les salons de massage dont certains sont très professionnels et thérapeutiques à tout de point de vue avec des licences accordées par les autorités compétentes de ce pays, avait révélé des vertes et pas mûres. Hélas ce qui a été trouvé était au dessus des attentes, les cas de ces derniers étaient juste un minuscule petit arbuste qui cachait. Sur ce même site, un portrait sur une fille du milieu de la prostitution intitulé “…sexe tarifé..” avait permis d’avoir l’idée de l’état chronique de la débauche au Sénégal.

Il est important de souligner que le média est devenu le médiateur de l’information et de la culture, ce qui rendrait le parent vu tout autre éducateur naturel obsolète, incompétent et donc perçu comme inutile. C’est ce contournement dommageable qui doit être arrêté. Il faut remettre le parent, l’educateur au centre de la médiation. Lui rendre compétence et autorité. Un modèle inclusif pouvait faire l’affaire pour la régulation des productions cinématographiques diffusées sur nos chaînes télévisées. Avec un comité de censure qui aurait une réglementation bien établie avec toute les composantes de la société sénégalaise surtout les religieux aussi bien chrétienne que musulmane. Ainsi, toute production ne respectant pas les règles en adéquation avec les critères définis ne serait pas diffusé sur nos chaînes nationaux. Une institution indépendante plus forte que le Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel  ( CNRA) avec des textes qui feraient une part belle aux valeurs comme le patriotisme, la promotion de nos valeurs socioculturelles, ainsi que la religion.

Au delà de la régulation et de la censure,

de nombreux travailleurs sociaux croient que l’État doit aller dans le sens de formuler un modèle familial en fonction du contexte de globalisation et de démocratisation de l’information et de la communication. Si on sait quel type de société nous voulons, on peut trouver le modèle de famille pour y arriver. En effet, la famille est une société en miniature. Il faut donc commencer par définir une Loi d’Orientation familiale. Au cas échéant, les séries et contenus audiovisuels seraient de puissants moyens d’éducation qui à travers leurs messages, érigeront en héros les modèles prédéfinis. Aussi la responsabilité des parents ne doit pas être occulté car les autres (médias, État, société, …) sont juste des compléments de l’éducation de base qui doit se faire à la maison. L’éducation des enfants les incombent et ils ne doivent en aucun cas faillir. Si les parents inculquent les bonnes valeurs, une société pervertie ne pourra rien contre les enfants. Aussi les valeurs varient selon l’époque, maintenant aucun enfant n’est innocent donc il faudrait le leur reconnaître pour penser leur montrer les valeurs.

L’historien et homme politique burkinabé Joseph Ki-Zerbo theorisait dans son ouvrage ” Éduquer ou périr ” la nécessité pour chaque société de se doter les moyens de transmettre aux générations suivantes les fondamentaux de son patrimoine, de sa vitalité et de sa destinée. Faute de quoi, la mortalité collective menace prématurément dans le cycle de la vie commune. Les producteurs de séries, les diffuseurs de scandales ” Made in Sénégal ” sur le net et le petit écran, prennent- ils en compte le triptyque : patrimoine, vitalité et destinée  ?

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